Comme les étoiles mortes qui brillent au firmament durant des millions d’années, la part la plus visible de l’art contemporain consiste en des effets de rayonnement. Ce sont ces effets que captent les photographies de Christian Globensky. L’architecture sophistiquée des galeries et des musées, leurs subtils jeux d’éclairage, le design chic des mobiliers d’exposition s’imposent à l’œil du photographe comme les ultimes refuges de l’expérience esthétique. De simples cordons de sécurité peuvent ainsi dialoguer avec les monuments de l’histoire de la sculpture, à moins qu’ils n’en soient les plus vivantes incarnations. La fragmentation des motifs, aux confins de l’abstraction, souligne l’ordre, la quiétude, l’autorité qui sied au sérieux des cultes séculiers. Par le génie de la plastique muséale, un bâtiment saisi à travers une fenêtre semble tout droit surgi d’un tableau impressionniste.
Christian Globensky, Pinacothèque de Brera (Open sky), Milan,C-print, 60x80cm, 2017.
Christian Globensky, Pinacothèque de Brera (Cercle space), Milan,C-print, 60x80cm, 2017.
Christian Globensky, Pinacothèque de Brera (Birds watching), Milan,C-print, 60x80cm, 2017.
Christian Globensky, Pinacothèque de Brera (lovers on chair), Milan,C-print, 60x80cm, 2017.
Même la signalétique la plus fonctionnelle paraît soudain concurrencer les canons de la figuration picturale. Les lieux d’exposition s’exposent en reléguant les œuvres aux rangs de simples prétextes. Le public attroupé autour de peintures surnuméraires, un conférencier, des étudiants au travail témoignent de la vitalité de ces théâtres du prestige. Jusqu’aux canards qui barbotent sur un plan d’eau. Tel apparaît le monde de l’art quand son centre de gravité s’est déplacé des œuvres aux conditions de leur mise en scène. La fin de l’art n’est pas la fin de toute création artistique… et on pourrait ajouter : elle est le seul sujet quelque peu valable dont un artiste puisse encore se saisir. L’art après la fin de l’art ? Un art qui réfléchit les conditions de sa disparition dans le spectacle de la culture.
Laurent Buffet
The photographic work of Christian Globensky retraces a journey within museum institutions by highlighting their container aspect, rather than their content. What do we see when we look away from works? By creating unexpected passages between almost documentary representations of the reality of institutional territories, and almost ghostly images of a large repertoire of works of modern and contemporary art, his work pursues a form of evidence of reality, even in its construction. the most unconscious and conceptual mind. It gives an account of the permeability between the real and the imaginary, the dissimulation and the artificiality. In fact, he questions the creation of the image as much as the construction of the narrative of history.
Christian Globensky leads a project whose approach is part of a broad reflection on museum institutions and the museum, both in its periphery, its bookstores, for example, for which artist books and derivative works are designed and distributed, that in its center, with a series of photographs on the exhibition halls dedicated to the technology of aesthetics. Performances and performance readings designed for art centers punctuate this approach that questions both the role of aesthetics in our relationship to the world, our cultural policy and the resulting market economy of art.