Paradise
Musique de Christian Globensky, CD-Trash & samples, 22mn15sec. KAT Studio, Paris, 2003
Extrait : 1) The horror 1 :25 2) They lie 4 :33
Développant un concept tout à fait original de composition musicale lowtechno — parce que l’unique instrument est un petit lecteur CD portatif, un Tehcnics SL-XP300 — appelée CD-Trash, parce que recyclant des CD-audios destinés à la corbeille, rayés, trainés dans la poussière, égratignés.
Le paradis (extrait)
Paradise, « le paradis », est ici synonyme d’Apocalypse, ici et maintenant, now. Le film de Francis Ford Coppola, tout d’abord. Tous les samples (échantillons) de voix que l’on y entend sont tirés de ce film, et presqu’exclusivement du speech final de Brando. Sur le premier titre, on y entend répétés « L’horreur, l’horreur… l’horreur… », les trois derniers mots scandés par l’un des plus célèbres colonels du cinéma de guerre américain. Agonisant, halluciné par la terreur et la souffrance, Kurt (alias Brando) extirpe la « puanteur du mensonge » de son être, en répétant ce mot, tel un mantra, jusqu’à son dernier souffle : l’horreur. Devant ses yeux, l’horreur s’est faite chair, il a vu son visage, son masque. Sans doute, le même masque qu’Eschyle porta sur la scène de la tragédie attique. Et sous ce masque, un dieu, un seul, Dionysos posait cette même question aux Hellènes : comment ne pas devenir fou devant tant d’horreurs et de souffrances, devant une apocalypse qui se déroule là, sous nos yeux, now… L’Apocalypse s’est déjà produite maintes et maintes fois. « Ils mentent, ils mentent et nous devons être miséricordieux avec ceux qui mentent », s’entend-t-on crier sur le second titre, Paradis. Le tout prend la forme d’étonnants mantras, qui nous invitent à développer un flaire afin de reconnaître le mensonge comme mensonger, et de ne jamais s’habituer à la puanteur du mensonge.
#stopmillenairefatalite