Artiste, auteur et pédagogue, Christian Globensky œuvre sous la bannière de la Keep Talking Agency, aussi appelé KTA Studio, ou KTA Éditions, selon les différentes activités qu’il réalise, produit, édite et distribue. Un atelier d’artiste donc, un laboratoire d’art et d’idées. Artiste plasticien, il travaille l’installation à partir des pratiques de l’écrit, de l’objet, de la performance et la photographie. Docteur en Arts et Sciences de l’Art et diplômé des Beaux-Arts de Paris, Christian Globensky enseigne la pratique et la théorie des arts médiatiques à l’École Supérieure d’art de Lorraine/Metz. Il est représenté par la Galerie Stéphane Mortier à Paris.
Comment j’ai appris à me tenir droit (KTA Éditions, 2014-18, diffusion les Presses du réel) • Rubens (Study of Nietzsche in profile), National Gallery, Prague. Carte postale, 10x15cm. KTA Studio, Paris, 2016, ©globensky • Christian Globensky (avec la complicité de Abbas Akhavan et du MAC de Montréal). ©photographie : Perin Emel Yavuz
Acquisitions
« Les feux de la rampe » (2022), Musée des Beaux-Arts de Nancy.
« Dernière chance » (2022), Musée des Beaux-Arts de Nancy.
« En attendant Godot » (2022), Musée des Beaux-Arts de Nancy.
Biographie
Isabelle de Maisonrouge, « Une vision détaillé », in Les Tanneries, Amiliy, 2022.
Marion Zilio, « À l’angle du temps », in Galerie des jours de lune, Metz, 2020.
Pauline Lusowski, « Inside the museum », in lacritique.org, 2019.
Jean-Louis Poitevin, « Les maginalia de la monstration », in TK-21, 2019.
Clément Thibault, « Esthétiques Wabi-Sabi », in TK-21, 2019.
Laurent Buffet, « Esthétiques des infrastructures », in Transverse, 2017.
Roger-Pol Droit, « Vrai-Faux précis d’éveil », in Le monde des Livres, nov. 2017.
Julie Crenn, « Christian Globensky : Lost Kiss », in INFERNO, 2012.
Dominique Moulon, « Valise, miroir et autres objets », in Blogarchive, 2012.
Perin Yavuz, « Boîte à outils conceptuels à usage citoyen », in Esse, n°74, 2012.
Christian Globensky œuvre depuis plusieurs années sous la bannière de la Keep Talking Agency — KTA, aussi appelé KTA Studio, ou KTA Éditions, selon les différentes activités qu’il réalise, produit, édite et distribue. Un atelier d’artiste donc, que l’on pourrait définir comme un laboratoire d’art et d’idées, et dont l’ambition est de développer une culture de pointe alliant contemporanéité artistique et investigations théoriques. Les activités sont nombreuses et rassemblent des champs compétence et d’expertise développés dans le domaine de la création contemporaine et de la recherche scientifique sur l’art tels que le commissariat d’expositions, la conception de colloques et de conférences, de performances, la direction de projets éditoriaux, la réalisation d’œuvres, d’installation et d’expositions, d’éditions d’artistes. Pas étonnant qu’au fil des années, les critiques s’y soient un peu perdus, tant les ramifications du travail de Christian Globensky sont parfois complexes et déroutantes.
L’une des spécificités de cette recherche se trouve du côté des corpus qu’il convoque, mobilise et réactualise. Ce processus de décantation conduit à des créations transdisciplinaires, de l’installation à la performance, ainsi qu’à l’écriture de livres d’artiste cernant certaines des questions liées aux ambiguïtés de la production artistique dans une époque de doute envers notre réel et l’épaisseur de nos expériences. Le premier rapprochement fait entre Nietzsche et Bouddha s’est opéré par le biais d’un concept « d’hybridation d’auteurs », que l’artiste a créé il y bien année de cela, quand il a sollicité un programmeur afin de développer un générateur de texte. Il s’agissait d’un geste d’appropriation engendré par une pratique de génération de textes où il implémentait à l’ordinateur des extraits de textes de différentes provenances : Lewis Carroll et Williams Burroughs donnaient par exemple un Alerte aux pays des merveilles. Ou encore, des positions lexicales comme : Warhologie.
Cette recherche consistant à appréhender l’épaisseur du réel s’inscrit aujourd’hui dans une réflexion plus large sur les institutions muséales et leur muséographies, tant dans leur périphérie, leur bookstores, par exemple, pour lesquels il conçoit des livres d’artiste, des « créations dérivées », que dans leur centre même, c’est-à-dire dans les salles d’exposition dédiées à la technologie de l’esthétique. Ce travail au sein des institutions culturelles met en avant leur aspect de contenant, plutôt que leurs contenus. Que voit-on lorsque l’on détourne notre regard des œuvres ? En créant des passages inattendus entre des représentations presque documentaires du réel des territoires institutionnels, et des images presque fantomatiques d’un large répertoire d’œuvres d’art moderne et contemporaine, le travail photographique de Christian Globensky poursuit une forme d’évidence du réel jusque dans sa construction mentale la plus inconsciente et conceptuelle. De fait, cette recherche interroge la fabrication de la représentation tout autant que la fabrique de l’imaginaire.
Le sujet de son prochain livre d’artiste consiste à poursuivre un champs d’investigation ouvert par deux précédents livres. Ils devraient former une trilogie. On pourrait résumer cette démarche ainsi : comment l’émotion et le plaisir esthétique peuvent non seulement changer notre vie, mais la transformer jusque dans nos marqueurs biologiques ? Une piste de recherche aujourd’hui ouverte par l’épigénétique. En tant qu’artiste, il a débuté ce travail en se concentrant sur cette idée reçue qu’il est possible d’arriver à faire une œuvre d’art de sa vie, avec un livre intitulé : « Comment j’ai appris à me tenir droit », dont une seconde édition, toujours édité par son atelier de création, KTA Éditions, — augmentée d’une préface de Fabrice Midal, philosophe et fondateur de l’école occidental de méditation, ainsi qu’une postface de Christian Ruby, philosophe et spécialiste de la figure du spectateur —, sort cet automne et sera dorénavant diffusé et distribué par Les presses du réel.
Il a ensuite poursuivi cette recherche en affirmant que si faire une œuvre d’art de sa vie était une intention plus que louable, il y avait encore mieux : devenir un bienfaiteur de l’humanité en trouvant une réponse à la souffrance universel du monde, comme le fit, il y a 2700 ans, le Bouddha. Avec un second livre, « Comment on devient Bouddha — selon Nietzsche» (fig. 6), il a tenté de démontrer, avec l’aide de Nietzsche, qu’une telle accession à un niveau de conscience dite « surhumaine » est d’abord et avant tout le fruit d’un phénomène esthétique. Ce livre s’ouvre sur un chapitre intitulé : « Google et Bouddha », où il y est affirmé que le surhumain est aujourd’hui à la mode. Et que comme beaucoup de modes émergentes, celle-ci nous vient de la Sillicon Valley, sponsorisée par Google. Elle a un nom, le « transhumanisme », et se donne comme principal objectif d’abolir : la maladie, la vieillesse, la souffrance et la mort. Et force et de constater, que ce sont précisément là les quatre prises de conscience qui ont poussé le Bouddha à quitter son palais et sa richesse pour les chemins de l’éveil au surhumain.
Reste maintenant à poursuivre l’aventure à une époque où il nous faut désormais compter avec l’Intelligence Artificielle. Que peut nous apprendra les IA sur le phénomène esthétique ? De quelle manière pourront-elles nous aider à atteindre l’expérience ultime de toute vie : se sentir en paix avec soi-même et solutionner le problème de la souffrance de l’humanité, un monde dans lequel l’homme serait de nouveau à sa place d’égale parmi les autres êtres vivants ? Dans cette optique, il a récemment commencer à réactiver un générateur de texte, soumis à un processus d’apprentissage machine, puis d’un traitement d’algorithme d’Intelligence Artificielle ayant comme tâche de tester un nouvel hybride entre Bouddha et Nietzsche, avec pour but de créer un prototype d’homme artiste du futur. Musique céleste et ombre du nirvana. À suivre. Sans se perdre bien sûr.