Dans ces vidéos, une même personne est présentée simultanément à l’écran. Un plan américain caractérise le personnage du plein écran tandis que son double apparaît dans un petit cadre incrusté, en très gros plan. Il s’agit d’une femme qui a dans les deux cas une conversation avec deux interlocuteurs différents — que l’on n’entendra ni ne verra jamais — et deux moments différents de sa vie. La conversation porte sur une rencontre et rupture amoureuse.
Le conflit, la déchirure entre le souvenir de la relation et l’angoisse présente qu’elle suscite est flagrant, il crève les yeux pour ainsi dire. Et c’est pourquoi, presque imperceptiblement mais inexorablement, l’image du plein écran se détériore, s’amenuise pour devenir une image de qualité extrêmement pauvre en informations. Et l’on sait que la rupture est consommée.
Art pour le dîner #2 (1992), vidéo couleur U-matic, 10 mn 59sec